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La prisonnière, de Henri Georges Clouzot

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Gilbert, le mari de Josée, travaille pour un directeur de galerie d’art, Stanislas Hassler, qui souhaite emmener l’art moderne vers le public. Il développe un concept particulier en assimilant l’art à un produit de consommation. Cela passe par sortir une sculpture ou un tableau en plusieurs exemplaires.
L’art abstrait mis à la portée du grand public, voilà la devise !!!
Au cours du cocktail de l’Inauguration de l’exposition, Josée rencontre Stanislas qui l’invite à boire un verre chez lui dans un appartement post-moderne, mystérieux, empli d’objets érotiques. Il lui propose d’assister puis de participer à des séances de photos érotiques. Piquée par la curiosité, elle finit par accepter.

Critique

La carrière atypique et pourtant cohérente de Henry Georges Clouzot ne le prédisposait pas à priori de se retrouver derrière un projet tel que La prisonnière. Certains thèmes fétiches propres au réalisateur sont néanmoins déclinés : rapports ambigüs entre dominants et dominés, misanthropie vacharde, critique sociale appuyée.
Le pessimisme de Clouzot, qui cache un regard lucide et désespéré sur le monde qui l’entoure, n’a non seulement rien perdu de son acidité mais il s’en retrouve même boosté par le milieu social décrit.
Pour la première fois, Clouzot investit son étrange récit au cœur d’un monde qu’il semble ne pas connaître ou alors de loin seulement. Nous sommes en 1968, en pleine révolution sociale et culturelle. Tel un entomologiste, l’auteur des Diaboliques étudie froidement un microcosme (parisien) chic et branché , pressé de bousculer les règles de la bienséance, des mœurs établis et de l’art dit « classique ». En filmant l’univers de la TV, Clouzot dresse un portrait cruel d’une génération pour qui l’art et la consommation ne font qu’un, qui se vautre dans n’importe quel futilité tape à l’œil.
A la manière d’un Baudrillard, le cinéaste démonte la société de consommation avide d’objets clinquants, d’idées toutes faites pseudo-révolutionnaires, et d’images fascinantes dénuées de sens.
La première partie de La prisonnière est un délice graphique entre kitsch assumé et expérimentation visuelle. Intelligemment, Clouzot s’écarte de ses mises en scène précises et sobres pour s’abandonner pleinement dans son époque. Contaminé par son sujet et par une forme de fascination/répulsion pour l’esthétique post-68, il nous en met plein la vue, au risque de frôler l’écoeurement : kaléïdoscope d’images colorées et saturées, montage nerveux et en contre-temps brisant les règles élémentaires du découpage classique, flous artistiques, cadrages sophistiqués.
Cet univers « bobo avant l’heure », taillé à la serpe par un artiste cynique, pourrait facilement s’embourber dans le conformisme d’une idéologie réactionnaire un peu rance. En fustigeant la superficialité de la bourgeoisie, l’arrogance du milieu pseudo-artiste et l’inconséquence de la jeunesse, Clouzot prend le risque de passer pour un vieux con aigri. Ce qui, à l’époque, n’a pas loupé. La critique a été unanimement assassine avec le dernier film d’un des plus grands metteurs en scène français.

Or, le projet de Clouzot est ailleurs. De ce cadre esthétique, derrière lequel il tire une satire somme toute grossière, il va surtout centrer son récit sur l’étrange relation (amoureuse ?) entre Laurent Terzieff, mystérieux photographe et Elisabeth Wiener, jolie poupée qui se complait à jouer la victime. Une relation ambiguë teintée de sadomasochisme et de voyeurisme va se nouer entre les deux amants. Il développe, sans juger, une relation basée sur des rapports de dominants/ dominés de bourreaux et de victimes.
Ça commence tranquillement comme un jeu, ça se termine comme une tragédie.
Du coup, La prisonnière se mue en un beau mélodrame érotique qui évoque des oeuvres phares et sulfureuses tels que L’empire des sens, Maîtresse ou Crash. Clouzot filme le trajet furtif d’un amour impossible sans moraliser. Derrière un regard aiguisé de misanthrope, perce une émotion diffuse et tenace.
Le cynisme proclamé disparaît progressivement. Les personnages de chair et de sang finissent par nous atteindre et nous bouleverser.
Le film se clôt par un rêve psyché et onirique où se croisent Eros et Thanatos. A chacun d’interpréter cette conclusion énigmatique.
Un bémol toutefois à cette enthousiasme : les jeux pervers et érotiques menés par le ténébreux Laurent Terzieff paraissent bien inoffensifs aujourd’hui. L’érotisme proclamé, loin d’être sulfureux ou provocateur, est d’une timidité plastique quelque peu frustrante, atténuant, paradoxalement, la portée émotionnelle du film.

(FRA/ITA-1968) de Henri-George Clouzot avec Laurent Terzieff, Elisabeth Wiener, Bernard Fresson, Dany Carel, Claude Piéplu

DVD :

Langue : Français
Studio Canal édition Les introuvables
Format : 1.66 (16/9 compatible 4/3)
Bonus :
Filmographies
Galerie Photos
Les dialogues du film


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